mardi 11 février 2020

Pourquoi la gauche aime-t-elle l’écologie ?

La défense de l’environnement est un combat ancien, peut-être aussi vieux que sa continuelle dégradation provoqué par l’homme dès l’origine ? Homo sapiens par sa soif insatiable de nouveau territoire et de nouvelles ressources n’a cessé d’avoir un impact délétère sur les espèces animales et végétales qui l’entourent. Dans les mille ans qui ont suivi l’arrivée des premiers hommes en Australie tous les marsupiaux géants ont disparus, l’Île de Pâques n’a plus d’arbres car ils ont été tous coupés pour transporter les énormes totems de pierre, les vallées perpendiculaires à l’océan Pacifique d’Amérique du Sud sont devenues infertiles par leur sur exploitation agricole par les hommes de l’antiquité. On pourrait multiplier de la sorte les exemples de dégâts du passé, mais ce qui est vital aujourd’hui pour la survie de la planète c’est la dégradation de l’environnement provoquée par la civilisation industrielle depuis le milieu du 19ème siècle.

Le développement exponentiel de l’industrie, la généralisation de l’agriculture intensive, la multiplication des moyens de transports, tout cela basé sur l’utilisation de sources d’énergie carbonés a entraîné une augmentation massive de la concentration de gaz carbonique et de sa conséquence : le réchauffement de l’atmosphère. De tous les dommages causés par le mode de développement mondial actuel le changement climatique créé par une élévation de température est de très loin le plus inquiétant. Certes la disparitions de nombreuses espèces ou la présence de substances toxiques dans les aliments est aussi quelque chose que l’on voudrait voir disparaître. Mais le danger le plus immédiat c’est le réchauffement climatique. En ce sens la vieille lutte des écologistes contre le nucléaire mérite d’être oublié car l’énergie nucléaire est dé-carbonée.

Pour réduire les émission de gaz carbonique il faut que nous, particuliers, changions nos habitudes, nos modes de vie. Nos moyens de transports, responsables de 29 % des émissions (mes chiffres sont les données officielles pour la France de 2017), doivent être radicalement différents. La voiture électrique, surtout à pile à combustible semble une bonne solution. Mais que faire de nos incessants vols low-cost ? Nos logements doivent être rapprochés de nos lieux de travail et de loisir et économes en chauffage (16,5 % des émissions), fini l’étalement pavillonnaire, les villes de demain doivent être dense et verticale. L’agriculture et l’industrie, qui produisent respectivement 16,4 % et 31,5 % du CO2, doivent être repenser. Ce n’est pas de petits changements dont il s’agit là mais de développer un nouveau régime de production. La fabrication des marchandises nécessaires devra se faire dans des usines sans déchets et en particulier sans CO2. Les vieilles usines disparaîtront, c’est ce que les économistes appellent la destruction de capital, c’est un phénomène normale de tout développement économique confronté à l’émergence de nouvelles technologies qui rendent obsolètes les anciennes usines. Mais ici il s’agit de tout autre chose, c’est l’urgence climatique qui réclame le remplacement des modes de production et les technologies requises sont balbutiantes ou même le plus souvent n’existent pas. L’effort requis aujourd’hui est par conséquent gigantesque, car non seulement il faut, comme par exemple lors de l’électrification de l’industrie, détruire les vieilles usines et accumuler le capital pour en construire d’autres, mais il faut acquérir la maîtrise des nouvelles technologies qui permettront le développement d’une économie dé-carbonée. C’est donc un plan de recherche et développement (R&D) pour l’ensemble de l’agriculture et l’industrie qui doit être mis en amont de tout projet de lutte contre le réchauffement climatique.

Accumulation massive de capital, plan R&D tout azimut, cela laisse peu de place à la consommation des citoyens. Une action réelle contre la détérioration du climat requiert une volonté politique forte qui va à l’encontre des intérêts immédiats des électeurs car elle réclame des changement de mode de vie vers plus de frugalité mais de plus elle exige une réorientation des investissement vers l’accumulation de capital et le R&D plutôt que vers les besoins insatisfaits de la population tel que la santé et le pouvoir d’achat.